Première mission AFIB/Chaine de l'Espoir au Niger

Jérémy LENFANT - Ingénieur Biomédical - CHU de Grenoble

 

Christophe PARRET : Pouvez-vous nous dire pourquoi vous êtes intéressé par les missions à l’humanitaire ?

Jérémy LENFANT : Les missions humanitaires sont le meilleur moyen de se recentrer sur la raison pour laquelle je fais ce métier, c’est-à-dire aider les gens à avoir le meilleur accès au soin possible. En partant dans un pays où certaines spécialités n’existent pas encore, on sait avec certitude que tout ce travail permettra de réduire les inégalités de soins tout en permettant aux équipes sur place d’être autonomes ensuite. Par ailleurs c’est aussi l’occasion d’être vraiment sur le terrain et d’intervenir de façon concrète sur un projet, de baigner dans une culture différente à travers son métier et non pas via le tourisme, ce qui permet d’aller bien plus en détails dans la découverte d’une nouvelle culture.

CP : Pouvez-vous décrire l’objet de la mission piloté par la CDE ?

JL : L’objectif de cette première mission au Niger fût d’effectuer un diagnostic des besoins en formation, équipements biomédicaux et infrastructures dans la perspective de l’ouverture d’un service de chirurgie cardio-vasculaire à l’Hôpital Général de Référence de Niamey au Niger. Il s’agit de la toute première mission de la CDE dans ce pays, et cette mission à la particularité d’inclure des participants d’autres pays d’Afrique qui ont déjà bénéficié de l’aide de l’association.

CP : Comment s’est déroulé votre mission ?

JL : Sur place j’ai pu visiter l’hôpital pour identifier le circuit des patients, puis recenser et tester les équipements biomédicaux présents en lien avec la chirurgie cardiaque. En lien avec les chirurgiens cardiaques de l’association, nous avons identifié les équipements manquants et les étapes à franchir pour parvenir à la chirurgie à cœur ouvert.

Globalement la mission s’est très bien déroulée. Grace à la coordination de la CDE, j’ai pu rencontrer les bons interlocuteurs et me concentrer totalement sur la mission. Les acteurs sur place furent très accueillants et tout le monde a œuvré pour le bon déroulement de la mission.

CP : Que vous a-t-elle apporté à titre personnel ?

JL : Cela m’a permis de rencontrer des personnes sur place très inspirantes de par leur motivation à toute épreuve pour créer à partir de zéro le premier bloc de chirurgie cardiaque du pays. Ce fut un plaisir de pouvoir échanger avec ces gens si importants pour leur pays mais pourtant si accessibles. Egalement cela m’a permis de mettre en pratique des connaissances techniques de façon bien plus polyvalente que ce que je connais au CHU de Grenoble où je ne touche qu’à certains secteurs. Enfin ce fut aussi l’occasion de travailler en binôme avec un ingénieur infrastructure et donc de découvrir cet aspect que je ne connaissais presque pas.

CP : Conseilleriez-vous à des collègues ce type de mission ?

JL : Oui bien sûr. Il y a tout à gagner, aussi bien pour les bénéficiaires de la mission que pour soi-même.

CP : Quel est votre plus beau souvenir ?

JL : Lorsque je me suis retrouvé à serrer la main du président de la république du Niger dans son bureau et qu’il a annoncé son soutien au projet. Moins sérieusement : lorsque les Nigériens nous ont offert un gros sac mal fermé de sauterelles grillées, le sac à dos de vêtements de l’ingénieur infrastructure s’en souviendra longtemps !